En
1954, le futur président de la République italienne, Sandro Pertini
soulignait dans un article que « la Résistance n’a pas
commencé le 8 septembre 1943, mais en 1921. » Parmi ces
premiers résistants au fascisme se trouvent les Arditi del popolo,
une organisation militaire antifasciste qui connu une expansion
rapide puis un déclin brutal.
Le
mouvement des Arditi del popolo plonge ses racines dans la Première
Guerre mondiale et s’inscrit dans ce laboratoire politique et
social de l’après 1918 où l’utilisation de la violence comme
stratégie politique à visée révolutionnaire se généralise. Dans
cette perspective, la localité, la rue, l’usine deviennent des
zones de combat et d’action directe qu’il faut défendre ou
prendre à l’adversaire. Cette militarisation du politique qui
rompt à la fois avec les traditions démocratiques et celles du
mouvement ouvrier ouvre peu à peu la voie à une guerre civile entre
le fascisme et ses adversaires.
S’il
revient au squadrisme fasciste d’avoir généralisé à grande
échelle cette « brutalisation » de l’action politique,
les Arditi del popolo furent sur ce terrain des adversaires sérieux.
Ils formèrent la première organisation destinée à combattre
militairement le fascisme et, dans certains cas, ils sortirent
vainqueurs de la confrontation, montrant que l’ascension de
Mussolini vers le pouvoir n’était pas irrésistible. Longtemps
délaissés par l’historiographie, les Arditi del popolo inaugurent
l’histoire de la résistance armée au fascisme et plus largement
ouvrent une nouvelle phase dans celle des relations entre le
mouvement ouvrier et la question militaire.
David FRANCOIS